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La Deuxième Guerre mondiale : les phases de la guerre

  • didiercariou
  • 21 août 2023
  • 26 min de lecture

Dernière mise à jour : 5 avr.


Par Didier Cariou, maître de conférences HDR en didactique de l’histoire à l’Université de Bretagne Occidentale





Mots-clés :

Pacte germano-soviétique, Axe, Entrée en guerre, guerre-éclair, Lebensraum, Drôle de guerre, Expédition de Narvik, Campagne de France, Dunkerque, Débâcle, Armistice, Bataille d’Angleterre, Churchill, Mers-el-Kebir, Charte de l’Atlantique

Attaque de l’URSS, Prisonniers de guerre soviétiques, Pearl Harbor, Carte de l’Europe en 1942, Camps de concentration, Centres de mise à mort, Stalingrad, El-Alamein, Débarquement en Afrique du nord, Midway, Débarquement en Sicile, Débarquement en Normandie, Débarquement de Provence, Conférence de Yalta, Capitulation allemande, Conférence de Potsdam, Hiroshima, Nagasaki, Capitulation du Japon

Que dit le programme ?



Comme pour la Première Guerre mondiale, il est attendu que l’étude de la Seconde Guerre mondiale parte des traces qui en sont restées dans les paysages, dans les archives, dans la mémoire familiale.

Dans la fiche Eduscol, il est indiqué incidemment que les concepts centraux de ce chapitre sont ceux de la violence de guerre et de la guerre d’anéantissement qui permettent de structurer l’étude. La fiche Eduscol précise également qu’une erreur serait de présenter les deux guerres mondiales successivement, sans travail de comparaison. Malheureusement, elle ne propose pas vraiment des modalités de comparaison accessibles à des élèves de CM2 et, personnellement, je ne vois pas bien comment faire. La comparaison entre le génocide des Arméniens et les génocides des Juifs et des Tsiganes semble évidemment souhaitable. Pour le reste, la focale très franco-centrée du programme rend la comparaison difficile entre la France engagée dans la guerre des tranchées et la France occupée par l’armée allemande.

Le point de comparaison peut être celui du rapport entre violence de guerre et guerre d’anéantissement. Le concept de violence de guerre s’applique parfaitement à la Première Guerre mondiale à propos de laquelle on étudie la violence subie par les combattants et celle que ces combattants ont pu exercer. Ce concept s’applique également aux combattants de la Seconde Guerre mondiale mais doit être complété par celui de guerre d’anéantissement qui rend compte des bombardements massifs des villes anglaises, des villes allemandes et des villes japonaises, des batailles (Stalingrad) qui ont conduit à la mort de plusieurs centaines de milliers de combattants à chaque fois. Les massacres massifs de populations civiles en Europe de l’Est et, ponctuellement en Europe du Sud et de l’Ouest, et, bien entendu le génocide des juifs et le génocide des Tsiganes, participent de cette guerre d’anéantissement. L’objectif de ce chapitre est d’essayer de comprendre l’escalade de la violence de guerre à la guerre d’anéantissement.

Dans ce chapitre, nous abordons uniquement les phases de la guerre afin d’indiquer le contexte militaire général de l’occupation de la France et du génocide des Juifs et des Tsiganes. Ce point sur les phases de la guerre ne semble pas être attendu du programme du cycle 3, mais il peut sembler utile d’en rappeler les grandes étapes. Il est possible de ne pas lire ce blog si l’on connaît déjà l’essentiel du contexte général de la guerre.


1. Les offensives de l’Allemagne et de ses alliés (1939-1941)

1.1 La campagne de Pologne

On pourrait considérer que la Deuxième Guerre mondiale a débuté en 1937 avec la déclaration de guerre du Japon (allié de l’Allemagne depuis 1936) à la Chine, inaugurant des combats et des massacres atroces de populations civiles chinoises qui se déroulèrent jusqu’à la capitulation du Japon face aux États-Unis, le 2 septembre 1945. Mais nous devons adopter ici un point de vue européo-centré.

En Europe, la guerre a commencé le 1er septembre 1939. Le 23 août 1939, l’URSS de Staline signa avec l’Allemagne de Hitler le pacte germano-soviétique de non-agression accompagné d’un "protocole secret" organisant le futur partage de la Pologne entre les deux puissances. Ce pacte permettait à Hitler de faire la guerre à l’Ouest sans se soucier dans l’immédiat de la menace soviétique à l’est. Il laissait le temps à Staline de reconstituer l’armée soviétique après les purges qui avaient conduit à l’exécution de la plus grande partie des généraux et des officiers supérieurs soviétiques. Assurée de la neutralité (temporaire) de l’URSS, Hitler se trouvait à la tête des forces de l’Axe, qui regroupait l’Allemagne, l’Italie puis le Japon.

Le 1er septembre 1939, l’armée allemande pénétra en Pologne sans déclaration de guerre. Alliées de la Pologne, la France et la Grande Bretagne déclarèrent la guerre à l’Allemagne, le 3 septembre 1939. L’armée allemande mena une guerre-éclair (Blitzkrieg) en Pologne : l’aviation bombardait les aérodromes, les nœuds routiers et ferroviaires tandis que les blindés et l’infanterie motorisée envahissaient la Pologne qui fut vaincue en trois semaines. Mais cette campagne se caractérisa surtout par l'extrême violence déployée par l'armée allemande, afin d'anéantir au plus vite l'armée polonaise et de terrifier la population et lui enlever toute velléité de résistance par de nombreux massacres de populations civiles. Dès leur victoire, les Allemands entreprirent la liquidation physique des élites polonaises et commencèrent à s’en prendre aux juifs. D'une certaine manière, la campagne de Pologne préfigura la campagne contre l'URSS.

Le 18 septembre 1939, l’armée soviétique envahit l’Est de la Pologne, conformément aux clauses du protocole secret du pacte de non-agression.


Encadré : le Lebensraum

A partir de l’automne 1939, les nazis commencèrent à organiser la politique de colonisation de ce qu’ils nommaient l’espace vital (Lebensraum), à savoir les territoires d’Europe de l’Est peuplés de populations slaves et/ou de religion juive, considérées comme des races inférieures. Les juifs devaient disparaître à court terme (au départ, les nazis pensaient les regrouper dans des ghettos puis les exiler dans des contrées lointaines où ils disparaîtraient faute de soins et de nourriture, mais ils décidèrent finalement leur l’extermination systématique à l'automne 1941). Les slaves devaient être réduits en esclavage pour travailler dans des centres de mise en valeur agricole attribués à des colons allemands et répartis (selon la logique du modèle des "lieux centraux" du géographe Walter Christaller en 1933) sur tout l’espace de la plaine qui s’étend de la Pologne à la Russie en passant par l’Ukraine et la Biélorussie. La disparition des populations slave par le manque de nourriture et les mauvais traitements était programmée sur le long terme, une fois que cette main d’œuvre ne s’avérerait plus nécessaire aux colons allemands. D'ici là, toutes les atrocités contre les populations civiles de Pologne, des pays Baltes, de la Biélorussie et de l'Ukraine, étaient permises par l'idéologie nazie.

1.2 La Drôle de guerre et la campagne de France

Après sa victoire en Pologne, l’armée allemande se retourna vers le front Ouest mais n’attaqua pas immédiatement les armées françaises et britanniques. Les soldats français, installés derrière la ligne Maginot, ligne fortifiée censée empêcher toute invasion, baptisèrent cette guerre, qui n’en était pas une, la « drôle de guerre ». La doctrine militaire française consistait à attendre que des offensives allemandes viennent se fracasser contre la ligne Maginot.

Des combats eurent lieu cependant en Scandinavie. L’URSS attaqua la Finlande en décembre 1940, afin de gagner des territoires qui auraient permis de protéger Leningrad (actuelle Saint-Pétersbourg) jugée trop proche de la frontière finlandaise. Mise en difficulté par l’armée finlandaise, l’armée soviétique l’emporta finalement au prix de lourdes pertes. De son côté, l’armée allemande envahit le Danemark et les ports norvégiens le 9 avril 1940, afin de sécuriser ses approvisionnements en minerai de fer suédois. Un corps expéditionnaire composé d’unités britanniques, françaises et polonaises débarqua dès le lendemain à Narvik, dans le nord de la Norvège, pour soutenir une division de l’armée norvégienne. Les Alliés l’emportèrent mais durent rentrer en France et en Angleterre lors de l’offensive allemande contre la France. Les Allemands s’installèrent alors à Narvik jusqu’à la fin de la guerre.


Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_ouvrages_de_la_ligne_Maginot


La Drôle de guerre s’acheva le 10 mai 1940, lorsque l’armée allemande envahit les Pays-Bas puis la Belgique avant de réaliser la percée de Sedan, le 13 mai, lors de ce que l’on a nommé la Campagne de France. En effet, la ligne Maginot avait été construite uniquement face à la frontière allemande mais pas face à la frontière de la Belgique, alliée de la France. Il fut donc aisé pour l’armée allemande de prendre la ligne Maginot à revers en traversant le massif des Ardennes au niveau de Sedan. A nouveau, l’armée allemande mit en œuvre le Blitzkrieg associant les Stukas, les bombardiers en piqué, et les divisions blindées qui occasionnèrent d’énormes pertes dans l’armée français. L’armée britannique et de nombreux soldats français furent bloqués sur la plage de Dunkerque. Une pause de l’armée allemande, sans doute pour des raisons de ravitaillement et de maintenance des véhicules, laissa le temps à l’armée britannique d’évacuer 350 000 soldats entre le 29 mai et le 4 juin 1940.

Cet épisode est raconté dans deux films très différents mais également importants : l’excellent Week-end à Zuidcoote de Henri Verneuil (1964) avec Jean-Paul Belmondo pour le point de vue français, et le remarquable Dunkirk de Christopher Nolan (2017) pour le point de vue britannique.

L’armée allemande poursuivit sa progression vers le sud. Le 14 juin, Paris fut déclarée « ville ouverte » et prise par l’armée allemande qui occupa les deux tiers de l’espace français en quelques jours. L’effondrement de l’armée française en quelques semaines fut appelé la Débâcle, en dépit d’une résistance acharnée qui occasionna de très lourdes pertes : environ 60 000 soldats français perdirent la vie au cours des six semaines de guerre, contre 30 000 du côté des Allemands, un taux de perte comparable aux pires mois de la Première Guerre mondiale. Près de 1,6 million de soldats français furent fait prisonniers et emmenés en captivité en Allemagne. Malgré une légende tenace, l’armée française ne fut pas battue en raison d’une infériorité matérielle face aux avions et aux chars de l’armée allemande, mais en raison de leur mauvaise utilisation et d’une désorganisation du commandement français dirigé par le très conservateur général Gamelin vite remplacé par le non moins conservateur général Weygand (conservateurs au sens politique du terme et au sens militaire : ils avaient une guerre de retard).

En même temps, 8 à 10 millions de personnes venues du quart nord-est de la France s’enfuit devant l’avancée des troupes allemandes, ce que l’on appela l’Exode. Le souvenir de l’extrême dureté de l’occupation allemande du Nord de la France et le récit d’atrocités réelles ou supposées de l’armée allemande contre les populations civiles durant la Première Guerre mondiale, poussèrent la population à tenter de rejoindre le sud de la France. Les familles s’enfuirent par le train, en voiture (encore rares à l’époque), sur des charrettes, à vélo, etc. Elles manquèrent de nourriture, dormirent dans les champs, elles subirent les bombardements de l’aviation allemande et italienne (l’Italie de Mussolini avait déclaré la guerre à la France le 10 juin) dans un chaos généralisé. Elles furent vite rejointes par l’armée allemande et reprirent le chemin de leur domicile au cours du mois de juillet.

Le gouvernement du maréchal Pétain, nommé le 17 juin 1940, demanda l’armistice qui fut signé le 22 juin 1940 à Rethondes, dans la wagon où avait été signé l’armistice du 11 novembre 1918. Les clauses de cet armistice étaient très dures : armée réduite à 100 000 hommes, versement des frais d’entretien quotidiens de l’armée allemande et séparation du territoire en deux parties : la moitié nord de la France et le littoral atlantique furent occupés par l’armée allemande (zone occupée) et le centre et le sud (zone non-occupée) seraient administrés par un gouvernement français (voir le post sur la France dans la guerre)

1.3 La bataille d’Angleterre et la guerre en Méditerranée

Désormais, la Grande Bretagne se trouvait seule face à l’Allemagne. Le premier ministre conservateur, Winston Churchill, prononça devant la Chambre des Communes deux discours qui firent date. Le 13 mai 1940, il déclara : « Je n’ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Et le 4 juin : « Nous irons jusqu’au bout, nous nous battrons en France, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus d’assurance et toujours plus de force dans les airs, nous défendrons notre île, quel qu'en soit le prix. Nous combattrons sur les plages, nous nous battrons sur les pistes d'atterrissage et dans les champs et dans les rues, et sur les collines. Nous ne nous rendrons jamais (We shall never surrender) ».

Dès le mois d’août 1940, débuta la Bataille d’Angleterre. Hitler avait ordonné une offensive aérienne sur l’Angleterre, qui devait préluder à un débarquement. La Luftwaffe effectua des raids de bombardements massifs sur Londres et les villes industrielles afin de paralyser l’économie britannique et surtout démoraliser la population, ce que les Anglais appelèrent le Blitz. Mais la Royal Air Force parvint à infliger des pertes massives à l’aviation allemande, notamment grâce à l’usage du radar qui permettait de détecter les escadrilles allemandes et de se rendre rapidement à leur rencontre pour les détourner de leur objectif. Le débarquement allemand n’eut jamais lieu mais les bombardements des villes anglaises se poursuivirent tout au long de la guerre. Au sortir de la guerre, de nombreux quartiers des villes anglaises étaient des champs de ruines.

Dès le mois de juillet, les Allemands et les Britanniques rivalisèrent de vitesse en Méditerranée. Les Britanniques possédaient des bases à Gibraltar, Malte et Alexandrie. Les Allemands bénéficiaient de l’alliance avec l’Italie. Le 3 juillet 1940, la marine britannique détruisit en quelques minutes la flotte française dans la rade de Mers-el-Kebir, à côté d'Oran, en Algérie. 1 295 marins français, dont 997 pour le seul cuirassé Bretagne, furent tués lors de l’opération. Cette attaque provoqua une énorme vague d’indignation en France et développa un fort sentiment antibritannique qui fut ensuite largement repris par la propagande allemande et la propagande du gouvernement de Vichy. Mais le gouvernement britannique craignait (sans doute à raison) que cette flotte française ne rejoigne la marine allemande qui serait alors devenue invincible en Méditerranée.

Dès lors, les principales zones de combat furent la Grèce que les Italiens échouèrent à envahir, ce qui provoqua l’invasion du pays par l’armée allemande en 1941, et la Libye, colonie italienne où la division blindée du général Erwin Rommel, l’Afrika Korps, repoussa les Britanniques, jusqu’à menacer l’Égypte et le canal de Suez, artère vitale pour l’empire britannique. Des combats eurent également lieu en 1941 en Irak (ancienne possession britannique), en Syrie et au Liban (possessions françaises), dont l’enjeu était également la possession du canal de Suez.

Mais la survie de la Grande Bretagne dépendait surtout de la navigation sur l’océan Atlantique et du commerce avec les États-Unis. Or, les sous-marins allemands, depuis les côtes norvégiennes et françaises (où les Allemands construisirent des bases sous-marines résistant aux bombardements à Brest, Lorient, Saint-Nazaire et La Rochelle), menaçaient les convois britanniques et leur occasionnaient de lourdes pertes. Le président américain Roosevelt, inquiet devant les avancées territoriales des forces allemandes et japonaises, défendait l’intervention des États-Unis aux côtés des Britanniques. Mais la majeure partie de l’opinion publique américaine était isolationniste et refusait toute intervention militaire extérieure. Pourtant, Roosevelt céda des destroyers aux Britanniques dès l’été 1940. Depuis 1939, la loi Cash and Carry (« payez et emportez ») obligeait les États belligérants qui souhaitaient acheter des armements aux États-Unis, à les payer cash et les à transporter eux-mêmes. Cette loi était destinée à rassurer l’opinion publique américaine car elle était censée garantir la neutralité des États-Unis. En mars 1941, Roosevelt franchit pourtant une étape en faisant adopter la loi prêt-bail : pour les États étrangers dont la protection constituait un intérêt vital pour la sécurité américaine (traduisez : la Grande Bretagne et plus tard l’URSS), les produits nécessaires à la conduite de la guerre leur seraient livré sous forme de prêts, remboursables plus tard. Cette loi était décisive pour la Grande-Bretagne qui avait épuisé ses réserves monétaires en payant cash les livraisons américaines. De fait, les États-Unis finançaient désormais l’effort de guerre britannique, tout en restant officiellement neutres, pour satisfaire l’opinion publique américaine. Enfin, en août 1941, Roosevelt et Churchill se rencontrèrent au milieu de l’Atlantique. A cette occasion, il publièrent la Charte de l’Atlantique qui énonçait les principes démocratiques selon lesquels le monde devrait être réorganisé après la guerre.


2. La guerre devint mondiale (1941-1942)

2.1 L’offensive allemande contre l’URSS : l’opération Barbarossa

Le 22 juin 1941 (le même jour que celui de l’offensive de Napoléon contre l’Empire russe le 22 juin 1812), l’armée allemande et ses alliés finlandais, hongrois et roumains attaquèrent l’URSS. Au total, 3 millions de soldats, 10 000 chars et 3 000 avions furent engagés contre l’URSS. L’offensive allemande fut rapide et brutale car l’armée soviétique, décapitée par les purges staliniennes de 1936-1938, ne s’était pas encore totalement réorganisée. En outre, Staline ordonna aux soldats soviétiques de défendre coûte que coûte leurs positions, ceux qui reculaient étant considérés comme des déserteurs. Ce ordre désastreux eut pour effet la capture en quelques semaines de près de 1,5 millions de soldats soviétiques par l’armée allemande. Durant toute la guerre, plus de 5 millions de soldats soviétiques furent faits prisonniers de guerre. Ils furent parqués dans des camps où ils subirent des mauvais traitements, ils furent sous-alimentés, parfois exécutés. Le racisme et l’anticommunisme des nazis et de l’armée allemande en général expliquent le traitement inhumain des prisonniers de guerre soviétiques dont 3 millions seulement survécurent (à leur libération, ils furent directement internés dans les goulags soviétiques officiellement parce qu’ils étaient des lâches qui avaient préféré capituler plutôt que de mourir au combat, en réalité parce que les souffrances qu’ils avaient endurées lors de leur captivité risquaient de les pousser à formuler des revendications qui auraient gêné Staline).

Durant l’été et l’automne 1941, l’armée allemande envahit les pays baltes, la Biélorussie et la plus grande partie de l’Ukraine. Durant cette période commença le génocide des juifs que nous évoquons dans le post sur les génocides. Durant toute la guerre à l'Est, l'armée allemande commit d'innombrables atrocités contre les populations civiles jugées comme inférieures. Cette guerre était conçue par les nazis et par une grande partie des officiers allemands comme une guerre idéologique et raciale, comme une guerre d'anéantissement des juifs, des communistes et des populations slaves en général. On a cru longtemps que les crimes de guerre à l'Est avaient été commis uniquement par les SS et que les soldats de la Wehrmacht avaient su garder leur intégrité morale. Or, nous savons maintenant que la Wehrmacht a commis des crimes de guerre contre les populations civiles et parfois même contribué au génocide.

En novembre 1941, le front se stabilisa devant Leningrad au nord (un million de personnes moururent de faim et dans les bombardement durant le siège de Leningrad par l’armée allemande), et devant le Donbass, en Ukraine, au sud. L’offensive allemande fut stoppée à 20 km de Moscou par des contre-offensives soviétiques, en décembre. L’hiver fut terrible pour les soldats allemands qui n’étaient pas équipés contre le froid et qui subirent des contre-attaques soviétiques qui permirent de dégager Moscou. Cet épisode marqua surtout la fin du blitzkrieg à l'Est.

2.2 L’attaque japonaise et l’entrée en guerre des États-Unis

Depuis 1937, le Japon menait la guerre en Chine. La défaite française et l’affaiblissement de la Grande Bretagne lui permirent d’étendre sa zone d’influence sur leurs colonies d'Asie du Sud-Est afin de mettre la main sur les ressources nécessaires à son industrie de guerre. Par exemple, en juillet 1941, les Japonais occupèrent toute l’Indochine française qui produisait notamment du caoutchouc, matière première essentielle pour les véhicules militaires. Cependant, pour conquérir de nouveaux territoires, la Japon devait affronter nécessairement les États-Unis qui possédaient des bases navales aux Philippines ainsi que de nombreuses îles dans le Pacifique. Le 7 décembre 1941, par surprise et sans déclaration de guerre, les forces aéronavales japonaises bombardèrent la base maritime américaine de Pearl Harbor, dans l’une des îles Hawaï. La plus grande partie de la flotte américaine du Pacifique fut détruite. Cette agression provoqua l’entrée en guerre des États-Unis. Désormais, la totalité du monde était engagé dans la guerre.


Document : The USS Arizona (BB-39) burning after the Japanese attack on Pearl Harbor, 7 December 1941. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:The_USS_Arizona_(BB-39)_burning_after_the_Japanese_attack_on_Pearl_Harbor_-_NARA_195617_-_Edit.jpg


Très rapidement, les Japonais acquirent une supériorité navale incontestée dans le Pacifique et en Asie du Sud-Est. Durant l’hiver 1941 et le printemps 1942, ils s’emparèrent des îles américaines de Guam et de Wake, ils débarquèrent aux Philippines, ils s’emparèrent de l’Indonésie hollandaise, de la Birmanie britannique, de Hong-Kong et de Singapour qui étaient également britanniques.


Source : La deuxième Guerre mondiale, récits et mémoire. Numéro spécial du Monde, mars 1994.



3. De la suprématie des forces de l’Axe à la victoire des Alliés (1942-1945)

3.1 L’Europe sous la domination nazie

L’année 1942 marque l’apogée de la domination nazie sur l’Europe

Le Grand Reich était composé des territoires peuplés par les populations germanophones ainsi que les territoires assimilés par les nazis au Lebensraum : la Pologne réduite à un Gouvernement général dépendant du Grand Reich et les deux Commissariats du Reich de l’Ostland et de l’Ukraine. Ces territoires furent pillés par les Allemands, les populations civiles furent décimées, parfois réduites en esclavage et les femmes souvent déportées comme main d’œuvre dans les usines en Allemagne. De nombreux partisans y poursuivirent le combat contre l’armée allemande aux prix de grandes difficultés. Ces territoires furent également le lieu de la Shoah : après la concentration des juifs dans les ghettos et la Shoah par balles, les centres de mise à mort y furent installés à partir de 1942. L'historien américain Timothy Snider a nommé l'ensemble de ces territoires les "terres de sang".

Les États satellites d’Europe centrale et des Balkans, même s’ils étaient officiellement souverains, dépendaient du bon vouloir des Allemands. Ils fournissaient des ressources au Grand Reich ainsi que des forces militaires. Au-delà, se trouvaient des pays soumis à une occupation militaire : Norvège, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Nord de la France, Grèce. Ils fournissaient à l’Allemagne des ressources financières, des produits agricoles et industriels. A partir de 1942, les jeunes gens de ces pays furent forcés d’aller travailler en Allemagne. Un certain nombre d’entre eux y échappèrent en s’engageant dans la clandestinité. Enfin, le sud de la France était administré par le régime de Vichy qui pratiquait une politique de collaboration avec l’Allemagne nazie.

Source : https://www.secondeguerre.net/hisetpo/gu/hp_europenazie.html


Il ne faut pas oublier non plus un phénomène qui ne peut être cartographié, à savoir les gigantesques déportations du travail. En effet, comme les hommes allemands étaient mobilisés dans les armées, et comme les femmes étaient confinées aux tâches domestiques par l'idéologie nazie, l'Allemagne nazie consomma un volume considérable de travailleuses et de travailleurs forcés, déportés depuis les territoires occupés vers le territoire du Reich, pour alimenter la machine de guerre nazie : des femmes capturées en Ukraine, en Biélorussie et en Russie, des prisonniers de guerre français, des hommes et des femmes d'Europe occidentale (volontaires ou contraints). En février 1944, 7,3 millions d'étrangers travaillaient sous la contrainte en Allemagne. Cela conduisit à un énorme paradoxe : alors que les nazis prétendaient protéger la pureté de la race allemande, ils avaient transformé l'Allemagne en un gigantesque camp de travail où se croisaient des populations "ennemies" venues de l'Europe entière. De même, les combats virent la destruction des jeunes hommes qui devaient pourtant constituer la base du Reich millénaire. Le nombre de soldats allemands tués au combat connut en effet une forte croissance : 357 000 morts en 1941, 572 000 en 1942, 812 000 en 1943, 3,3 millions entre l'été 1944 et l'été 1945.

L’Europe sous domination nazie était parsemée de camps de concentration et de centres de mise à mort. Les camps de concentration étaient situés surtout sur le territoire de l’Allemagne et de l’Autriche. Ils avaient été ouverts dès 1933 en Allemagne pour enfermer les opposants politiques (essentiellement les communistes) mais également les délinquants et les criminels (les droits communs), sous l’autorité de gardes SS. Les détenus étaient soumis au travail forcé et aux mauvaise traitements. Les prisonniers de droit commun exerçaient les fonctions subalternes de surveillance et avaient tous les pouvoirs pour affamer, maltraiter, rançonner les prisonniers politiques. Dans certains camps (par exemple à Buchenwald), les détenus communistes parvinrent à éliminer les droits communs et à assurer la gestion du camp, ce qui permit à certains d’entre eux de survivre jusqu’à l’effondrement du Troisième Reich. Une fois la guerre venue, les camps de concentrations servirent à enfermer également les résistants des différents pays européens conquis par l'armée allemande, ainsi que de nombreux civils des pays de l’Est et parfois des soldats soviétiques. On estime que près des deux tiers des déportés disparurent dans ces camps.

Ce qui est appelé « camp d’extermination » sur la carte ci-dessous étaient en réalité des « centres de mise à mort ». Il ne s’agissait pas de « camps » dans la mesure où ne s’y trouvaient que des baraquements pour les gardes et quelques Juifs asservis servant dans les chambres à gaz et des fosses communes. Les juifs déportés des principaux ghettos polonais étaient tous assassinés dans les chambres à gaz dès l'arrivée de leur train. Le camp d’Auschwitz constituait une exception puisqu’il était composé de deux camps de concentration (Auschwitz I et Auschwitz III Monowitz où étaient installée des usines) et d’un centre de mise à mort installé dans la camp d’Auschwitz II Birkenau. C’est la raison pour laquelle les juifs déportés à Auschwitz depuis l’Europe de l’Ouest et du Sud subissaient une « sélection » dès leur descente du train. Les adultes en bonne santé étaient sélectionnés pour travailler tandis que les autres personnes étaient assassinés le jour même (voir le post sur les génocides).


Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Camps_de_concentration_nazis#/media/Fichier:WW2_Holocaust_Europe_N-E_map-fr.svg

3.2 Les tournants de la guerre (1942-1943)

Dès 1943, l’équilibre des forces en Europe et dans le Pacifique fut renversé au profit des Alliés.

En URSS, les usines de l’ouest de la Russie avaient été démontées et remontées dans la région de l’Oural où elles furent mise au service de la production de guerre. De leur côté, les États-Unis mirent en place le Victory program qui permit de fabriquer des navires de guerre, des avions et des chars en grande quantité et en un temps record. Les Etats-Unis fournirent également un grand nombre de matériels militaire à la Grande Bretagne et à l'Union soviétique (des camions Studebaker et des équipements aéronautiques pour cette dernière).

Mais le tournant majeur de la guerre fut la défaite allemande à Stalingrad. Durant l’été 1942, l’armée allemande tenta une percée vers le sud-est de la Russie pour s’emparer des champs de pétrole de Bakou. Elle atteignit seulement la Volga et la ville industrielle de Stalingrad transformée en camp retranché par les Soviétiques. L'artillerie et l'aviation allemandes la bombardèrent systématiquement. Une gigantesque bataille eut lieu dans les ruines des usines de la ville et autour de la ville, dont le nom devint le symbole de la résistance de l’armée soviétique. Staline exigea que la ville, en raison de son nom, soit défendue coûte que coûte et, de son côté, Hitler interdit à l’armée allemande de reculer. Celle-ci fut fixée à Stalingrad puis encerclée par l’armée soviétique en décembre. Le 2 février 1943, le général Von Paulus capitula. Sur les 300 000 soldats allemands, roumains et hongrois du départ, seuls 90 000 soldats, qui avaient pu rester vivants, surmonter la faim et le froid, furent faits prisonniers. 6 000 revinrent de leur captivité dans les camps soviétiques. On estime à près d'un million le nombre total de victimes civiles et militaires de cette bataille. A partir de cette date, l’armée allemande ne cessa de reculer devant l’armée soviétique qui remporta notamment en juillet 1943 la bataille de Koursk, la plus grande bataille de chars de l’histoire (au passage, il n'est sans doute pas anodin que l'armée ukrainienne ait attaqué l'oblast de Koursk durant l'été 2024 en raison du poids symbolique de ce nom).

Parallèlement, les Britanniques dirigés par le général Montgomery remportèrent la bataille d’El-Alamein en Libye en octobre 1942, et sauvèrent l’Égypte et le canal de Suez de la menace des blindés du général Rommel. Les Américains effectuèrent un débarquement en Afrique du nord (Casablanca, Oran, Alger), administrée par le régime de Vichy, le 8 novembre 1942. Hitler réagit en faisant envahir la zone non-occupée en France : désormais, toute la France était occupée par l’armée allemande. Les Allemands et les Italiens abandonnèrent la Libye et se fortifièrent en Tunisie pour bloquer l’avancée des Américains.

Les Américains renversèrent également le rapport de force dans le Pacifique. Sous l’impulsion de l’amiral Nimitz, ils reconstituèrent leur flotte de guerre et l’organisèrent en Task forces réunissant différents types de navires autour d’un porte-avions. Ils remportèrent une première victoire aéronavale contre la flotte japonaise dans l’archipel de Midway, les 4 et 5 juin 1942. Dès lors, ils progressèrent d’île en île, en procédant par bonds successifs pour s’emparer, les unes après les autres, des îles puissamment fortifiées par les Japonais. Les débarquements des Marines étaient précédés de bombardements intenses et donnaient lieu à des combats acharnés et très coûteux en vies humaines. Les Américains reprirent les Philippines en février 1945, s’emparèrent d’Iwo Jima (voir à ce sujet les deux grands films de Clint Eastwood, Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima) puis de l’île d’Okinawa en mai 1945. Depuis ces îles, leurs bombardiers pouvaient désormais atteindre le Japon et le bombarder.


Document : Des Marines plantent le drapeau pendant la bataille d'Iwo Jima, le 23 février 1945. Photographie de Joe Rosenthal. Cette image est l'image emblématique de la Bataille du Pacifique. Pour connaitre l'histoire de cette image, il faut voir Mémoires de nos Pères, le film de Clint Eastwood. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Raising_the_Flag_on_Iwo_Jima,_larger_-_edit1.jpg


Source : La deuxième Guerre mondiale, récits et mémoire. Numéro spécial du Monde, mars 1994.

3.3 Vers la victoire des Alliés (1944-1945)

En juillet 1943, les Alliés effectuèrent le débarquement en Sicile puis en Italie du Sud, depuis l'Afrique du Nord. Le 24 juillet 1943 Mussolini fut démis de ses fonctions et remplacé par le général Badoglio qui négocia avec les Alliés un armistice, signé le 3 septembre. Mais l’armée allemande envahit alors l’Italie et les Alliés furent contraints de l'affronter lors de très dures batailles. L’une des principales fut la bataille de Monte Cassino en mai 1944, où s’illustrèrent notamment les troupes françaises libres du général Juin, composées pour une grande partie de soldats algériens et marocains. Pendant ce temps, Mussolini, qui avait été mis en prison par le gouvernement italien puis libéré par des parachutistes allemands dirigés par Otto Skorzeny, créa la République fasciste italienne de Salo dans le nord de l’Italie, soutenue par l’armée allemande. Elle résista aux assauts des Alliés et des partisans italiens jusqu’au début de 1945.

Le 6 juin 1944, les Alliés dirigés par le général américain Eisenhower, débarquèrent en Normandie. L’opération était délicate car les Allemands avaient fortifié toutes les côtes de l’Atlantique du Mur de l’Atlantique constitué de blockhaus et de défenses anti-aériennes. Malgré la boucherie de la plage d'Omaha Beach (4 000 morts) dévolue aux Américains, les Alliés purent établir une tête de pont mais, durant plusieurs jours, le risque fut grand de les voir repoussés par l’armée allemande. En juin et juillet 1944 eut lieu la « bataille du bocage », une horrible boucherie au cours de laquelle les soldats alliés et allemands se combattirent dans les haies du bocage normand. Les civils normands payèrent un lourd tribun puisque 8 000 d'entre eux périrent sous els bombardements de juin-juillet 1944. Leur supériorité matérielle et humaine permit aux Alliés de l’emporter au prix de très lourdes pertes.


Encadré : deux films sur le débarquement de Normandie

Nous connaissons toutes et tous les grands films américains concernant le débarquement en Normandie, Le jour le plus long (1962) et Il faut sauver le soldat Ryan (1998). Ils ont déterminé notre façon de voir cet événement. Comme ils pointent logiquement la focale sur les soldats américains, ils nous font oublier le rôle principal joué par les soldats de l’Empire britannique qui étaient bien plus nombreux que les Américains. Ensuite, Le jour le plus long, centré sur la seule journée du 6 juin 1944, a longtemps amené à penser que le plus difficile avait été réalisé à l’issue de cette journée et que John Wayne, sur sa brouette, allait facilement partir à l’assaut de la Normandie et de la France lors des jours suivants. Les tribulations de Tom Hanks, dans Il faut sauver le soldat Ryan, rappellent au contraire que les journées et les semaines qui suivirent le débarquement furent très difficiles. Ce film fait écho aux travaux des historiens qui ont renseigné l’horreur de la guerre du bocage, très dure à la fois pour les soldats et pour les civils normands victimes des bombardements alliés. Il nous invite à penser le débarquement au-delà de la journée du 6 juin, sur le temps plus long des mois de juin et de juillet. Le second film, sans doute plus juste sur le plan historique, a remplacé le premier dans notre représentation de l’événement.

Les troupes alliées qui combattaient en Italie débarquèrent en Provence le 15 août 1944. Parmi ces troupes, se trouvaient les troupes françaises libres composées d’un grand nombre de combattants algériens et marocains. Elles remontèrent la vallée du Rhône pour effectuer la jonction avec les troupes alliées débarquées en Normandie.

Certains généraux allemands commencèrent à douter de la possibilité de l'emporter et des capacités d'Hitler à mener le combat. Ces généraux conservateurs, souvent issus de la noblesse prussienne, pas vraiment démocrates et qui avaient soutenu Hitler dans son effort de réarmement de l'Allemagne, organisèrent un attentat contre Hitler. Leur objectif était de conclure une paix séparée avec la Alliés occidentaux et de prendre le pouvoir en Allemagne, et éventuellement de poursuivre la guerre contre le communisme. L'explosion de la bombe déposée le 20 juillet 1944 par le colonel von Stauffenberg dans le quartier général d'Hitler en Prusse orientale n'occasionna que des blessures légères à ce dernier. La répression fut terrible : près de 5 000 officiers furent torturés et exécutés. Les nazis purent alors occuper l'essentiel des postes de direction de l'armée allemande.

Cependant, les Alliés piétinèrent devant la frontière allemande au cours de l’hiver 1944-1945. Leurs lignes de ravitaillement étaient très étirées depuis les ports de la Normandie et les soldats manquaient de vivres et de nourriture. Par exemple, le ravitaillement américain était débarqué dans le port de Granville et acheminé par camions sur des routes en mauvais état, jusqu’à la frontière belge. Ces capacités de transports limitées réduisaient les capacités d’approvisionnement des troupes américaines. Surtout, l’armée allemande réalisa une contre-offensive dans les Ardennes en décembre 1944, qui mit les Alliés en difficulté durant plusieurs semaines.

La victoire sur l'Allemagne nazie fut durement acquise. L'armée allemande se défendit jusqu'au bout, épaulée par les jeunes allemands fanatisés qui s'engagèrent également dans les combats. Le film Fury, avec Brad Pitt, montre l'accablement des soldats américains subissant de lourdes pertes jusqu'au dernier moment, mais aussi celui des civils allemands désespérés et maintenus dans la terreur par le régime nazi.

3.4. L’organisation de la victoire et de la paix

Après s’être réunis à Téhéran en novembre 1943 pour fixer la stratégie militaire et évoquer l’ouverture d’un second front en France, Churchill, Roosevelt et Staline se réunirent à Yalta, en Crimée, en février 1945. L’objectif était d’organiser la paix, une fois l’Allemagne nazie vaincue. La déclaration finale de la conférence garantissait des élections libres afin d’élire des gouvernements représentatifs garants de la démocratie, dans tous les pays d’Europe libérés. Cependant, cette déclaration ne fut pas vraiment respectée dans les pays d’Europe de l’Est libérés par l’armée soviétique.


Document : Churchill, Roosevelt et Staline à la conférence de Yalta. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_de_Yalta#/media/Fichier:Yalta_Conference_1945_Churchill,_Stalin,_Roosevelt.jpg

Au début de 1945, l’offensive contre l’Allemagne fut générale. Alors que les combats faisaient rage aux frontières de l’Allemagne, les escadrilles britanniques et les américaines bombardaient systématiquement les villes allemandes. La raison officielle de ces bombardements était la destruction des usines, des nœuds de communication et des objectifs militaires. De fait, ce furent surtout les villes qui furent détruites car les Allemands avaient réussi à enterrer ou déplacer leurs usines. En juillet 1943, la ville de Hambourg fut réduite en cendres par des bombes incendiaires lors de l'opération américano-britannique "Gomorrhe" qui fit environ 40 000 morts. Les 13 et 14 février 1945, des vagues de d'avions britanniques et américains bombardèrent la ville de Dresde peuplée de 600 000 habitants auxquels s'ajoutaient 300 000 réfugiés. La première vague de bombardiers lâcha des centaines de milliers de bombes de forte puissance pour briser les fenêtres et les toitures. La seconde vague lâcha des des bombes incendiaires au phosphore qui provoquèrent des incendies dont la propagation était favorisée par les destructions précédentes. On ne sait pas exactement combien de personnes disparurent car, dans de nombreux abris ne subsistaient plus que d'épaisses couches de cendres. Les évaluations vont de 25 000 à 100 000 morts. Cette ville ne présentait aucun intérêt stratégique, elle n'accueillait ni usines ni casernes. Il est fort probable que ce type de bombardement était destiné à briser psychologiquement la population civile.

Du côté soviétique, la terreur était moins industrielle : pillages, massacres de masse, viol systématique de toutes les femmes allemandes.

Une course de vitesse s’engagea entre les Britanniques et les Américains d’une part, et les Soviétiques d’autre part. Même s’ils étaient alliés, les deux camps souhaitaient conquérir le plus possible de territoires allemands afin d’être en position de force face à l’autre camp pour organiser la paix. Finalement, l’armée soviétique parvint à Berlin le 19 avril où elle livra des combats acharnés dans les ruines de la ville. Le suicide d’Hitler, le 2 mai, permit de mettre fin à la résistance des Allemands. La capitulation sans condition fut signée à Reims le 8 mai 1945, et confirmée à Berlin avec les Soviétiques le 9 mai 1945.

Les dirigeants des trois puissances victorieuses se réunirent à Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945 : Churchill (remplacé au cours de la conférence par le travailliste Atlee qui venait de gagner les élections en Grande-Bretagne), Truman (qui avait remplacé Roosevelt mort le 12 avril 1945) et Staline.


Document : Churchill, Truman et Staline à la conférence de Potsdam. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_de_Potsdam#/media/Fichier:L_to_R,_British_Prime_Minister_Winston_Churchill,_President_Harry_S._Truman,_and_Soviet_leader_Josef_Stalin_in_the..._-_NARA_-_198958.jpg


Les Alliés se mirent d’accord sur le statut de l’Allemagne (occupée militairement et divisée en quatre zones d’occupation soviétique, américaine, britannique et française, de même pour la ville de Berlin située au milieu de la zone d’occupation soviétique) et sur le déplacement des frontières de la Pologne vers l’ouest jusqu’à la ligne Oder-Neisse. L’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon fut également évoquée. Mais les tension demeurèrent sur la nature des régimes politiques inféodés à l’URSS qui se mettaient progressivement en place en Europe de l’Est.


Pendant ce temps, la guerre faisait toujours rage dans le Pacifique. A partir du printemps 1945, après la prise des iles d'Iwo Jima et d'Okinawa et de leurs aéroports, l’aviation américaine bombarda systématiquement les villes japonaises, occasionnant de très lourdes pertes civiles. Le président américain Truman décida le bombardement atomique d’Hiroshima le 6 août 1945 et de Nagasaki le 9 août 1945. L’argument officiel était que ce bombardement aurait mis directement fin à la guerre et épargné un million de vies humaines qui auraient été détruites par un débarquement américain au Japon. En réalité, on sait que le Japon n’était plus qu’un champ de ruines et que l’empereur du Japon avait essayé d’engager des pourparlers de paix dès le mois de juillet. La raison du bombardement atomique est sans doute ailleurs. En vertu des accords de Potsdam, les Soviétiques avançaient alors en Corée pour combattre les Japonais et ils se rapprochaient dangereusement des intérêts américains. Il est donc possible que ces bombardements atomiques constituaient un message en direction des Soviétiques. Le 2 septembre 1945, les représentants du Japon signèrent la capitulation du Japon à bord de l’USS Missouri. Les Américains avaient déjà commencé à occuper le Japon.

Conclusion

Le bilan de la Deuxième Guerre mondiale est bien connu. Des pays entiers étaient en ruine : le Japon, l'Allemagne, la Pologne, La Biélorussie, l'Ukraine, l'ouest de la Russie. L'Italie, la France et la Grande Bretagne étaient économiquement exsangues. Seuls les Etats-Unis sortirent renforcés sur le plan économique. Le bilan humain est terrible : entre 60 et 70 millions de morts, dont la plus grande partie était constituée de civils, victimes de génocide, victimes d'exactions et des bombardements, victimes de la faim (par exemple, 1,5 millions de morts de faim au Bengale) et de maladies. L'Union soviétique perdit entre 22 et 27 millions de personnes, l'Allemagne entre 6 et 8 millions, le Japon entre 2,5 et 3 millions, la Chine entre 10 et 20 millions.

L'humanité sortit également traumatisée de la guerre. Les images des camps de concentration libérés par les armées alliées au printemps 1945 montrèrent l'ampleur des mauvais traitements qui pouvaient être infligés à des êtres humains. Le bombardement atomique de Hiroshima et Nagasaki firent prendre conscience à l'humanité qu'elle disposait désormais de moyens de destruction massifs. Vingt-quatre dirigeants nazis furent jugés par les Alliés lors du procès de Nuremberg qui s'est tenu du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946. Ils furent jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre, et crimes contre l'humanité. De même, vingt-huit dirigeants japonais (mais pas l'empereur) furent jugés pour des motifs identiques lors du procès de Tokyo, en 1946.

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