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Sujet possible : La persécution des Juifs en France durant l'Occupation / Le refus des discriminations

  • didiercariou
  • 2 janv. 2024
  • 14 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 mars 2024

Didier Cariou, maitre de conférence HDR en didactique de l'histoire à l'université de Brest


Épreuve écrite d’application

Domaine histoire, géographie, enseignement moral et civique


Durée 3 heures


Composante histoire (13 points)


1. Vous enseignez en classe de CM2. Vous préparez une séquence d’apprentissage portant sur la persécution des Juifs en France durant l’Occupation. En vous aidant de vos connaissances et du dossier documentaire (documents 2 à 10), indiquez les savoirs à construire avec les élèves à l’occasion de cette séquence.


2. Indiquez le titre de chaque séance de la séquence en indiquant les compétences travaillées par les élèves et les documents que vous utiliseriez dans chaque séance. Choisissez un document du dossier documentaire, indiquez sa place dans une séance et présentez son exploitation pédagogique précise.


Composante EMC (7 points)


3. Des élèves de CM2 refusent de travailler avec certains autres élèves en invoquant l’appartenance religieuse de ces derniers. En tant qu’agent du service public de l’éducation, vous agissez pour faire cesser la situation : décrivez votre action et les valeurs que vous défendez à cette occasion.


4. Vous décidez ensuite de construire une séance d’EMC sur les discriminations en classe de CM2. Vous vous référez au document 11 et à un autre document extrait du dossier documentaire. Indiquez le plan du déroulé de cette séance.


Document 1. Extrait du programme de la classe de CM2 (BO, 2020)



Document 2 : Définition du crime de génocide adoptées par la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (Assemblée générale de l’ONU, Paris, 9 décembre 1948 (extrait) :


« Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel :

a) meurtre de membres du groupe ;

b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

d) mesure visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

e) transfert forcé d’enfant du groupe à un autre groupe ».



Document 3 : La loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs (extraits)


Nous, Maréchal de France, chef de l’État français,

Le conseil des ministres entendu,

Décrétons :


Article premier : Est regardé comme Juif, pour l'application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est Juif.


Article 2 : L'accès et l'exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci-après sont interdits aux Juifs :

Chef de l'État, membre du gouvernement, Conseil d'État, Conseil de l'Ordre national de la Légion d'honneur, Cour de Cassation, Cour des comptes, Corps des Mines, Corps des Ponts et Chaussées, Inspection générale des Finances, Cours d'appel, Tribunaux de première instance, Justices de Paix, toutes juridictions d'ordre professionnel et toutes assemblées issues de l'élection ;

Agents relevant, du, département des Affaires étrangères, secrétaires généraux des départements ministériels, directeurs généraux, directeurs des administrations centrales des ministères, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux des préfectures, inspecteurs généraux des services administratifs au ministère de l'Intérieur, fonctionnaires de tous grades attachés à tous services de police ;

Résidents généraux, gouverneurs généraux, gouverneurs et secrétaires généraux des colonies, inspecteurs des colonies ;

Membres des corps enseignants ;

Officiers des Armées de terre, de Mer et de l'Air ;

Administrateurs, directeurs, secrétaires généraux dans les entreprises bénéficiaires de concessions ou de subventions accordées par une collectivité publique, postes à la nomination du Gouvernement dans les entreprises d'intérêt général (...).


Article 4 : L'accès et l'exercice des professions libérales, des professions libres, des fonctions dévolues aux officiers ministériels et à tous auxiliaires de la justice sont permis aux Juifs, à moins que des règlements d'administration publique n'aient fixé pour eux une proportion déterminée. Dans ce cas, les mêmes règlements détermineront les conditions dans lesquelles aura lieu l'élimination des Juifs en surnombre.


Article 5 : Les Juifs ne pourront, sans condition ni réserve, exercer l'une quelconque des professions suivantes :

Directeurs, gérants, rédacteurs de journaux, revues, agences ou périodiques, à l'exception de publications de caractère strictement scientifique.

Directeurs, administrateurs, gérants d'entreprises ayant pour objet la fabrication, l'impression, la distribution, la présentation de films cinématographiques; metteurs en scène et directeurs de prises de vues, compositeurs de scénarios, directeurs, administrateurs, gérants de salles de théâtres ou de cinématographie, entrepreneurs de spectacles, directeurs, administrateurs, gérants de toutes entreprises se rapportant à la radiodiffusion (...).



Document 4 : L’application du recensement des juifs en zone occupée. Extrait du journal La dépêche de Brest, 25 octobre 1940.

SOUS-PREFECTURE DE BREST


AVIS AUX JUIFS


On nous communique :

A la suite d’une ordonnance et conformément aux informations reçues, il est ouvert pour l’arrondissement de Brest, à la sous-préfecture, un registre pour chaque Juif ou Juive, les indications suivantes :

  1. Numéro d’immatriculation ;

  2. Nom et prénoms ;

  3. Date de naissance ;

  4. Lieu de naissance ;

  5. Sexe ;

  6. Marié, veuf ou célibataire ;

  7. Profession ;

  8. Confession religieuse (dans le cas où le Juif aurait été baptisé) ;

  9. Durée ininterrompue du séjour en France.

Chaque Juif devra présenter sa carte d’identité, sur laquelle sera apposé un cachet.

Enfin, sur toutes les maisons de commerce juives, les intéressés apposeront, bien en évidence, un écriteau de couleur jaune portant en lettres noires, en français et en allemand, l’inscription : « ENTREPRISE JUIVE, JUDISCHE GESCHAFT ». Dimensions de l’écriteau 20 cm X 40 cm.

Doivent être considérés comme établissements juifs, les entreprises fonctionnant avec 50 % de capitaux juifs. Sont exclus de cette mesure, les Juifs sujets des États-Unis.


Document 5 : Un parc à jeu à Paris durant l’Occupation. Mémorial de la Shoah. Source : https://www.facebook.com/photo/?fbid=10165388336065076&set=a.1016160247245507


Document 6 : Bordeaux, 1942. Entrée de l'exposition antisémite : « Le Juif et la France ». Exposition organisée à l'initiative de l'Institut d’étude des questions juives de Paris. Source : https://www.yadvashem.org/fr/shoah/a-propos/declenchement-guerre-politique-anti-juive/france-et-belgique.html


Document 7. Photographie des enfants Madeleine, Simone et Henri Magier, à Paris en juin 1942. Ils furent internés à Drancy avec leur maman Rosa le 6 août 1942 et déportés à Auschwitz le 14 septembre 1942.


Document 8 : L’entrée du camp de Drancy surveillées par un gendarme français, en août 1941. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_183-B10919,_Frankreich,_Internierungslager_Drancy.jpg



Document 9 : Note de Dannecker, SS-Hauptsturmführer à l'Office Central de Sécurité du Reich à Berlin, le 6 juillet 1942.


Objet : Évacuation des Juifs de France. Référence : Entretien entre le SS-Obersturmbannführer Eichmann et le SS-Hauptsturmführer Dannecker, le 1.7.1942 à Paris.


Les négociations avec le gouvernement français ont donné entre temps les résultats suivants : l'ensemble des Juifs apatrides de zone occupée et de zone non occupée seront tenus prêts à notre disposition en vue de leur évacuation.

Le président Laval a proposé que, lors de l'évacuation de familles juives de la zone non occupée, les enfants de moins de 16 ans soient emmenés eux aussi. Quant aux enfants juifs qui resteraient en zone occupée, la question ne l'intéresse pas. Je demande donc une décision urgente par télex pour savoir si, par exemple à partir du quinzième convoi de Juifs partant de France, nous pouvons inclure également des enfants de moins de 16 ans.

Pour finir, je fais remarquer qu'à ce jour, nous n'avons pu aborder que la question des Juifs apatrides ou étrangers pour faire du moins démarrer l'action. Dans la seconde phase, nous passerons aux Juifs naturalisés après 1919 ou 1927 en France.



Document 10 : Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, prononcée lors des cérémonies commémorant la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942, le dimanche 16 juillet 1995 (extraits).


Monsieur le Maire, Monsieur le Président, Monsieur l'Ambassadeur, Monsieur le Grand Rabbin, Mesdames, Messieurs,

Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l'on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte. Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions.

Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l’État français. Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.

Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. On verra des scènes atroces : les familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants, les vieillards - dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France - jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la Préfecture de Police.

On verra, aussi, des policiers fermer les yeux, permettant ainsi quelques évasions.

Pour toutes ces personnes arrêtées, commence alors le long et douloureux voyage vers l'enfer. Combien d'entre-elles ne reverront jamais leur foyer ? Et combien, à cet instant, se sont senties trahies ? Quelle a été leur détresse ? La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. Conduites au Vélodrome d'hiver, les victimes devaient attendre plusieurs jours, dans les conditions terribles que l'on sait, d'être dirigées sur l'un des camps de transit - Pithiviers ou Beaune-la-Rolande - ouverts par les autorités de Vichy.

L'horreur, pourtant, ne faisait que commencer. Suivront d'autres rafles, d'autres arrestations. A Paris et en province. Soixante-quatorze trains partiront vers Auschwitz. Soixante-seize mille déportés juifs de France n'en reviendront pas. Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible (…).



Document 11 : Définition, critères et exemples de discriminations d’après le site du Défenseur des droits. Source : https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/institution/competences/lutte-contre-discriminations

En droit, une discrimination est un traitement défavorable qui doit généralement remplir deux conditions cumulatives :

  1. être fondé sur un critère défini par la loi (sexe, âge, handicap…)

  2. relever d'une situation visée par la loi (accès à un emploi, un service, un logement…).

A ce jour, la loi reconnait plus de 25 critères de discrimination. Ainsi, défavoriser une personne en raison de ses origines, son sexe, son âge, son handicap, ses opinions... est interdit par la loi et les conventions internationales auxquelles adhère la France.

  • Une discrimination peut être directe si la décision contestée est fondée sur un de ces critères définis par la loi.

  • Une discrimination peut aussi être indirecte si une règle apparemment neutre a pour effet un traitement défavorable sur des personnes à raison d'un de ces mêmes critères.

Quels sont les critères définis par la loi interdisant la discrimination ?

La liste de ces critères a plusieurs sources. D'une part, les conventions internationales et textes européens définissent un socle de critères fondés sur les caractéristiques de la personne. D'autre part, le législateur français a ajouté des critères spécifiques, certains se référant à des motifs classiques (nation, patronyme, apparence physique) alors que d'autres traitent de situations spécifiques (lieu de résidence, perte d'autonomie, etc…).

Liste des critères / Exemples de situation

Critères issus de textes internationaux ou européens

CRITERES

EXEMPLE

Age

On m'a refusé un crédit à la consommation en raison de mon âge.

Sexe

En tant que femme, je gagne moins que mon collègue masculin qui exerce un travail comparable.

Origine

Je n'ai pas été embauché à cause de mes origines maghrébines.

Appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée à une ethnie, une nation ou une prétendue race

On a refusé de me louer une place de camping parce que je suis étranger.

Grossesse

Je n'ai pas retrouvé mon poste à mon retour de congé maternité.

Etat de santé

On m'a refusé le renouvellement de mon contrat parce que j'étais en arrêt maladie.

Handicap

On me refuse la participation à une sortie d'école en raison de mon handicap.

Caractéristiques génétiques

On a voulu me soumettre à des tests génétiques dans le cadre de l'examen médical préalable à mon embauche.

Orientation sexuelle

On a refusé de me louer une salle pour mon mariage car je suis homosexuelle.

Identité de genre

Je suis une femme transgenre et mon employeur refuse de modifier mes fiches de paye.

Opinions politiques

La mairie a refusé de me louer une salle en raison de mes opinions politiques.

Activités syndicales

Ma carrière n'a pas connu d'évolution depuis que je me suis présenté comme délégué syndical

Opinions philosophiques

Ma caisse de retraite refuse de prendre en compte les trimestres accomplis pendant mon service national car j'étais objecteur de conscience

Croyances ou appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion déterminée

On m'a refusé l'accès à une salle de sport à cause de mon voile.




Proposition de corrigé


Composante histoire (13 points)


1. Vous enseignez en classe de CM2. Vous préparez une séquence d’apprentissage portant sur la persécution des Juifs en France durant l’Occupation. En vous aidant de vos connaissances et du dossier documentaire (documents 2 à 10), indiquez les savoirs à construire avec les élèves à l’occasion de cette séquence.


Cette séquences vise à faire comprendre aux élèves les mécanismes qui ont mené de la discrimination à la déportation des Juifs de France vers les camps nazis durant l’Occupation, avec la complicité du régime de Vichy. Auparavant, les élèves auront abordé rapidement la situation de la France durant la Seconde Guerre mondiale (Occupation, régime de Vichy, collaboration).


(Document 2) On cherche tout d’abord à faire comprendre aux élèves que l’extermination des Juifs relève du crime de génocide, catégorie juridique qui ne fut pas utilisée lors du procès de Nuremberg puisqu’elle fut officiellement adoptée par l’ONU en 1948. Ce crime réside dans «  l’intention de détruire tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Le programme du cycle 3 incite à faire étudier aux élèves le génocide des Arméniens (reconnu par la France officiellement en 2001), des Juifs (la Shoah) et des tziganes. Il convient de préciser que, en France et dans quelques autres pays, le terme « Shoah » désigne la spécificité et l’ampleur du génocide des juifs.


Durant l’Occupation, le régime de Vichy participa dans un premier temps à la discrimination des juifs.

(Document 3). Le statut des Juifs décrété par la maréchal Pétain le 3 octobre 1940, définit les Juifs selon les même critères que ceux de Allemagne nazie : est Juif qui descend de trois grands-parents juifs. Il s’agit d’une définition raciale et raciste de la judéité alors que le fait d’être juif renvoie normalement à la pratique de la religion juive. En conséquence, de nombreux métiers sont interdits aux personnes considérées comme juives : elles sont exclues de l’ensemble de la fonction publique (alors que les conditions d’accès à la fonction publique sont la compétence reconnue par un concours, un casier judiciaire vierge et la citoyenneté française) et des professions liées aux journaux et au cinéma (conformément au vieux préjugé antisémite, encore vivace aujourd’hui, selon lequel les juifs, qui seraient en position dominante dans ces secteurs, manipuleraient l’opinion publique ).

(Document 4) Le statut des Juifs est complété à la fin du mois d’octobre 1940 par un recensement des Juifs qui devront se faire connaître à la préfecture, à la sous-préfecture ou au commissariat. Un tampon « juif » ou « juive » est alors apposé sur leur carte d’identité et leur lieu de résidence est noté par les autorités françaises. Ces informations ont ensuite rendues aisée l’arrestation puis la déportation des Juifs.

(Document 5) Parallèlement, des lieux sont interdits aux Juifs : cinémas, théâtres, parcs à jeux pour les enfants. Il s’agit d’une discrimination officielle. On peut parler de discrimination car, même si elle est rendue légale par les autorités de Vichy, elle est contraire aux principes républicains qui n’ont pas été officiellement abolis par le régime de Vichy.

(Document 6) Parallèlement, des émissions de radios, des articles de journaux (rédigés par Louis-Ferdinand Céline, Brasillach, Rebatet) ainsi que des expositions organisées dans toute la France, cherchent à développer les préjugés antisémites, courants au sein de l’extrême-droite française.


Dans un second temps, le régime de Vichy participa à l’arrestation et à la déportation des Juifs vers les camps allemands.

(Document 7) Au printemps 1942, comme dans le reste de l’Europe occupée par les nazis, les Juifs âgés d’au moins 6 ans, sont obligés de coudre sur leurs vêtements une étoile jaune, avec l’inscription « juif ». Il devient alors très aisé de les repérer et de les arrêter lors des grandes rafles à partir de l’été 1942.

(Document 8) Dès 1941, les premiers Juifs arrêtés arrêtés en région parisienne sont enfermés dans le camp de Drancy (actuel département de la Seine-Saint-Denis) un ensemble d’habitat collectif inachevé et surveillé par des gardes mobiles français dont la caserne jouxte le le camp. Ils sont ensuite emmenés à la gare du Bourget ou de Bobigny où ils montent dans des trains de marchandise en direction d’Auschwitz-Birkenau, la plupart du temps.

(Document 9) L’un des événements marquants de la déportation des Juifs en France est la rafle du Vel’ d’hiv’ des 16 et 17 juillet 1942, organisée conjointement par les dirigeants nazis et le police française dirigée par Bousquet. Plus de dix mille personnes furent arrêtées et enfermées au Vel’ d’hiv’ avant d’être déportées à Drancy ou Pithiviers puis à Auschwitz. Ce document est une preuve accablante de la responsabilité des autorités françaises dans la rafle et la déportation des Juifs : ils prouve que la rafle a été organisée avec le gouvernement français et que ce dernier, par la voix de Laval, est allé au-delà des exigences des nazis qui ne souhaitaient pas encore déporter les enfants de moins de 16 ans.

(Document 10) Longtemps, les gouvernements français ont ignoré ou minimisé cet événement. Le président Mitterrand a fait du 16 juillet la journée de commémoration de la rafle du Vel’ d’hiv’, mais sans rappeler le rôle de la police française dans cet événement. Le discours du président Chirac du 16 juillet 1995 marque un tournant majeur car il reconnaît pour la première fois la responsabilité de la police et de l’État français dans l’arrestation et la déportation des Juifs.


2. Indiquez le titre de chaque séance de la séquence en indiquant les compétences travaillées par les élèves et les documents que vous utiliseriez dans chaque séance. Choisissez un document du dossier documentaire, indiquez sa place dans une séance et présentez son exploitation pédagogique précise.


Cette séquence prend place dans le chapitre sur les deux guerres mondiales en CM2. Elle porte sur « le génocide des Juifs ainsi que les persécutions à l’encontre d’autres populations). Elle est articulée à des séquences plus générales sur le génocide des Juifs en Europe. Elle peut se composer d’au moins deux séances.


Les compétences à faire travailler par les élèves :

  • Se repérer dans le temps : construire des repères historiques

  • Raisonner, justifier une démarche et les choix effectués (poser des questions, formuler des hypothèses et les vérifier)

  • Comprendre un document (identifier un document, extraire des informations, identifier son point de vue)

  • Pratiquer différents langages (Écrire pour structurer sa pensée et son savoir, s’approprier un lexique historique approprié)


La première séance présente la phase de discriminations à l’égard des juifs. Elle mobilise les documents suivants :

Document 3 : le statut des Juifs (3 octobre 1940). Ce document permet de repérer la définition raciste et antisémite des Juifs ainsi que l’exclusion des juifs des professions de la fonction publique et des médias.

Document 4 : le recensement des Juifs (octobre 1940). On peut notamment observer que certains Juifs sont considérés comme Juifs alors qu’ils sont baptisés et donc chrétiens  !

Document 5 : l’interdiction faite aux enfant juifs de fréquenter les parcs à jeux. Un exemple de discrimination.

Document 6 : le port de l’étoile jaune à partir de l’âge de 6 ans.


La deuxième séance présente la phase d’arrestation et de déportation des juifs

Document 9 : la note du SS Dannecker prouve la responsabilité de l’État français dans la rafle du 16 juillet 1942. Elle montre que Laval souhaite aller au-delà des demandes des Allemands en demandant également l’arrestation des enfants de moins de 16 ans. On peut alors revenir au document 6 pour commenter le destin tragique des enfants photographiés.

Document 10 : des extraits du discours du président Chirac (dont on peut également regarder la vidéo) permettent de faire le bilan de la persécution des Juifs et d’expliquer l’importance historique de ce discours.

Document 2 : la définition officielle du crime de génocide permet de faire un bilan de la séquence. Elle peut donner lieu à une production écrite des élèves du type : « Raconte comment le régime de Vichy a participé au génocide des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale ».


Exploitation pédagogique d’un document :

On peut étudier le document 5 :

Dans un premier temps, les élèves repèrent la nature de l’image et de l’espace photographié (un parc à jeu durant l’Occupation). On leur demande ensuite en quoi l’inscription est discriminatoire et choquante. Enfin, on articule cette photographie au doc. 3 (le statut des juifs), pour rappeler que la discrimination touche aussi bien les adultes que les enfants.


On peut étudier le document 6

Ce travail peut être réalisé en groupe. Dans un premier temps, on donne le début de la légende aux élèves. Les élèves repèrent le contexte de la photographie (printemps 1942, une photographie chez un photographe avec une tenue soignée). On leur demande ensuite pourquoi le deux petites filles portent une étoile jaune (elles sont considérées comme juives) et pas le petit garçon (il a moins de 6 ans). On fournit ensuite la suite de la légende concernant le destin tragique de ces enfants. On leur demande alors à quoi sert l’étoile jaune (à repérer les Juifs pour les arrêter et les déporter vers Auschwitz). La réponse développée à cette question peut être considérée comme une production écrite à évaluer.


On peut étudier le document 10 (en visionnant en parallèle la vidéo du discours sur Youtube).

Ce document ne peut être étudié qu’après une présentation rapide de la rafle du Vel’ d’hiv’, le Vélodrome d’hiver (à étudier par exemple avec le document 9). On peut poser les question suivantes :

Pourquoi le fait que ce discours soit prononcé par Jacques Chirac le 12 juillet 1995 donne un poids particulier à ce discours ? Réponse : ce discours commémore la rafle du Vel’ d’hiv du 12 juillet 1942. Il est prononcé par le président de la république, ce qui lui donne une grande importance.

Quel événement le président Chirac raconte-t-il  ? Réponse : il raconte la rafle du Vel d’hiv. Il raconte que la police française a arrêté plus de 10 000 personnes, des familles entières, les a jetées dans des bus en direction du Vel’ d’hiv’. Ces familles ont ensuite été enfermées dans des camps (Pithiviers, Beaune la Rolande, mais également Drançy) puis déportées à Auschwitz où elles furent exterminées.

Pourquoi le président Chirac dit-il : « Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions » ? Réponse : Le président Chirac dénonce le rôle du régime de Vichy et de la police française qui ont collaboré avec les nazis et qui ont arrêté des milliers de personnes pour les envoyer à la mort. Le rôle d’un État et de la police étant de protéger les personnes, ces institutions ont donc failli. Ce discours est essentiel car c’est la première fois qu’une président de la république a ainsi dénoncé la responsabilité de la France dans le génocide.

Production écrite : Raconte la rafle du Vel’ d’hiv.


Composante EMC (7 points)


3. Des élèves de CM2 refusent de travailler avec certains autres élèves en invoquant l’appartenance religieuse de ces derniers. En tant qu’agent du service public de l’éducation, vous agissez pour faire cesser la situation : décrivez votre action et les valeurs que vous défendez à cette occasion.


L’intervention auprès des élèves doit s’appuyer tout d’abord sur le principe de la laïcité : la loi de 1905 reconnaît la liberté religieuse, chacun.e peut donc exercer la religion qu’il ou elle souhaite exercer. En outre, l’appartenance religieuse est un choix personnel que personne ne peut mettre en cause (on peut évoquer également la loi de 2004 et la Charte de la laïcité de 2015).

Il convient ensuite de s’appuyer sur les valeurs défendues par l’école : la liberté, l’égalité et la fraternité. Chacun a la liberté de pratiquer, ou non, une religion, quelle qu’elle soit. L’égalité garantit une égale dignité des croyances, ou de l’absence de croyances, individuelles. La fraternité suppose l’absence de toute discrimination entre les personnes. Cela permet d’expliquer aux élèves que leur attitude est discriminatoire, elle produit un traitement différencié et négatif entre des personnes. Pour cette raison, l’attitude de ces élèves est inacceptable car contraire à nos valeurs.


4. Vous décidez ensuite de construire une séance d’EMC sur les discriminations en classe de CM2. Vous vous référez au document 11 et à un autre document extrait du dossier documentaire. Indiquez le plan du déroulé de cette séance.


1. Présentation par l’enseignant.e de la fonction de Défenseur des droits

2. Les élèves repèrent dans le document 11 la définition d’une discrimination. Un échange dans la classe doit leur faire comprendre qu’une discrimination est interdite par la loi et peut donner lieu à une sanction pénale.

3. Les élèves peuvent repérer sur le document des discriminations liées à la religion des personnes (ou tout autre sujet selon les objectifs de l’enseignant.e)

4. Observation du document 5 (le parc à jeu pendant l’Occupation) pour amener les élèves à comprendre en quoi l’écriteau constitue une discrimination (en raison d’une supposée appartenance religieuse). On peut alors faire le lien entre cet écriteau et le refus de travailler avec certains élèves.

5. Production écrite individuelle ou collective : en quoi une discrimination est-elle contraire aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ?

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